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Quentin Baudens

Un Boulet, un malaise et une critique


Lors de la campagne électorale, la défense du français a été brandie par toutes et tous comme rempart pour la culture québécoise et la spécificité de la nation franco dans une « marée anglaise ». Mais ce narratif peu contesté pose de nombreux problèmes. Notamment par sa nature, sa fonction et les dynamiques où s’inscrivent la langue.


Tout d’abord, la langue n’est qu’un outil parmi tant d’autres pour former des ponts communicationnels, liens permettant l’échange entre deux ou plusieur.e.s individu.e.s. Cet outil communicationnel se forme lorsqu’il n’y a en pas de disponibles à priori. Et cette formation est soit ex nihilo, à travers des gestes plutôt simples, des références à des objets environnants, ou par la mutation d’un outil communicationnel, à travers les emprunts et des créations langagières distinctes de l’outil de base choisi ou encore par la fusion de deux outils communicationnels, comme par la « créolisation », c’est-à-dire où deux ou plusieures langues fusionnent pour créer de multiples ponts communicationnels.


Les langues, étant des collections plus ou moins structurées de ces stratégies, celles-ci sont fluides et extrêmement difficiles à circonscrire. Loin d’être un bloc homogène, on remarque ces dynamiques à l’œuvre lorsque l’on observe les variations depuis le centre-ville jusqu’à la banlieue et les régions les plus reculées.


De plus, définir une culture homogène et excluante, ici le québécois, est faux si l’on ne prend qu’en compte la langue.


Aussi, la prétention déterministe de dire que l’on est un produit de sa langue oublie que ce sont les intéractions personnelles, les apports à son capital primaire et secondaire, par les rapports interpersonnels qui structurent une pensée que nous nous formons en tant qu’individu.e.


Oui, les barrières de la langue limitent ces rapports mais ceux-ci peuvent être outrepassés et les capacités formidables des enfants pour maîtriser deux ou plusieurs outils communicationnels montrent cette flexibilité et l’hybridité de ces outils.


À contrario, dans la doxa actuelle, on prétend pourtant que le français fait l’intégration, fait et crée le.a québécois.e, que donc l’immigré.e doit maîtriser notre outil et c’est tout. L’identité québécoise, réellement, est subjective, personnelle et multiple, comme toutes les identités dites nationales ou régionales.


Voilà des questions qui forcent la réflexion qui n’a pas eu lieu, car la langue, par sa maîtrise, ne détermine pas les québécois.e.s, sinon, que fait t’on des analphabètes, sont-iels moins québécois.e.s? Que fait t’on des bilingues, de celleux qui arrivent? Il faut absolument combattre cette vision majoritiste qui commence par essentialiser les gens, les langues, les peuples, les rapports et qui fantasme un roman national pour ensuite diriger par l’exclusion. Il n’y a pas de québécois.e.s illégitimes, il n’y a pas de suicide national à accepter la diversité et le multiculturalisme.


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