Un homme m’a dit un jour que je devrais me faire plus confiance, que je devrais prendre plus position (politiquement).
J’aurais voulu exprimer l’injustice de ses propos, le ressentiment que j’éprouvais de me faire dire cela. Comme si maintenant qu’il me validait, bien assis dans sa position d’autorité militante avec toute la confiance d’un homme, j’étais autorisée de prendre plus de place, qu’il me certifiait de bonne militante. J’aurais voulu me défendre, le blâmer. Que ce n’était pas moi qui m’exprimais peu, mais lui qui n’écoutait pas.
Mais je l’ai remercié. Parce que malgré mes réflexions soi-disant féministes, à la fin de la journée, je suis un produit du patriarcat, et un dérivé du capitalisme.
Puis, plus récemment, on m’a complimentée sur mes propos (politiques). Discrets, peu fréquents, mais pertinents. Le tout accompagné d’une volonté à vouloir m’entendre davantage. Je l’ai aussi remercié. Mais j’éprouvais le même malaise. Comme si j’étais en quête de validation, spécifiquement auprès des hommes, et qu’enfin on répondait à ce besoin essentiel.
Qu’est-ce qu’ils ont fait, ces hommes, pour mériter autant d’admiration et d’attention de ma part ? Que ces simples paroles font que je me retrouve le soir même dans leur lit, à espérer peut-être qu’un autre morceau de considération soit lancé à mon égard ?
Je suis fière d’appartenir à ce milieu anarchiste. Mais j’ai un mal être que je ne peux exprimer sur ces pages. Je ne m’étendrai pas sur mes expériences prémilitantes qui ont façonné ma méfiance et mon ambivalence face aux hommes. Nous rentrons toustes en guerre contre le capitalisme avec un vécu différent pour des raisons différentes. Je cherche peut-être encore ma raison, mais j’aimerais me faire dans ce milieu une place propre à moi.
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